Forum de Tyrimar et des Drakans
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[BG] Veleshro

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Message  Empereur Veleshro Lun 2 Fév - 23:15

Prélude: je ne m'attendais absolument pas à avoir un BG aussi long. Il est fastidieux, chiant, et être vous je ne l'entamerais même pas. Mais voilà néanmoins un récit anecdotique de la vie de ce personnage, séparé en fonction des valeurs et de leur apprentissage, allant de l'esclavage à aujourd'hui.

PS. Je ne pensais pas du tout faire un BG à la Xair, comme je les appelle, c'est-à-dire d'une longueur défiant toute longueur maximale autorisée par les forums! (haha Xair! Razz )


VELESHRO DE LA COHORTE KAR’VEDDA

Chapitre premier : un petit Kar’Vedda

3952 Après Hécatombe.

L’œuf craqua. À l’endroit où la solide coquille s’était fracturée en une multitude de morceaux divisés par des petites fissures, un minuscule museau apparu. La fibre duveteuse qui recouvrait l’intérieur de l’œuf et qui maintenait les fragments de la coquille fracassée recouvraient ce petit museau qui tentait de respirer. Une petite patte, sans griffes et de couleur laiteuse vint percer cette fibre et permis au petit nez de s’agiter dans plusieurs directions. Le Drakan chargé de s’occuper de cet œuf, Khayshär, était anxieux, ses mains en tremblaient presque. Les deux œufs qu’on lui avait précédemment désignés avaient mis au monde des rejetons incapable de sortir de leur coquille, ils y étaient décédés, car trop faibles pour parvenir à briser les parois de leur prison protectrice.
- SsScette fois, sSsc’est la bonne, déclara Khayshär, bien décidé à ne pas laisser mourir un autre Drakan. Mais il connaissait bien la tradition, si le petit ne sortait pas lui-même de son œuf, il était condamné.
Le minuscule reptile à la peau laiteuse s’extirpa de sa coquille et, en guise de victoire ou de plainte, émis quelques gémissements sifflés qui ne manquèrent pas de redonner espoir à Khayshär. Il prit le bambin et l’observa attentivement, du crâne aux pieds en passant par l’infime queue et par ce qui lui servirait plus tard d’ailes. Le Drakan semblait en santé. Le « sage-femme » alla déposer la petite créature qu’il tenait bien contre lui, entourée d’un ample bout de coton, dans la section appropriée de la pouponnière où des gens plus expérimentés lui donneraient les soins nécessaires et le prépareraient à la vie extérieure. Un petit de plus dans une cohorte que, dans les nuits à venir, le peuple de Sakertosk allait nommer Kar’Vedda.

Ce qui advint du petit Drakan à la peau laiteuse…

3953. A.H.

Il y avait maintenant un cycle lunaire que la majorité des éclosions avait eu lieu. Le peuple Drakan s’était scandalisé de la difformité physique de près du tiers de la cohorte et cela n’avait fait qu’alimenter la haine qu’ils avaient pour leurs geôliers, qui étaient responsables de ces malformations par le biais du rationnement du bois. Néanmoins, on accueillit la cohorte et on se mit à la considérée comme une cohorte normale. Les nouveau-nés s’étaient vus attribuer un prénom, et celui du petit Drakan à la peau laiteuse qu’avait recueilli Khayshär se nomma Veleshro. Le petit Veleshro avait été déclaré en santé, quoiqu’on jugea sa constitution faiblarde et chancelante, car il grelottait régulièrement. On l’examina durant quelques temps, puis, vers sa deuxième année, on conclut que son métabolisme avait une moins grande capacité à conserver la chaleur que la moyenne, ce qui occasionnait des désagréments visibles au jeune Drakan une fois l’hiver venu. Si Veleshro n’était pas régulièrement affecté par ce malaise, on jugea qu’il était mieux de le considérer comme plus faible que ceux en santé dans sa cohorte. Ainsi, les Drakans s’arrangèrent pour qu’il n’ait pas à accomplir les tâches les plus ardues. Lorsque la cohorte fut en âge de travailler, Veleshro dû principalement balayer et tenir le cachot propre. Il devint ainsi un fin balai, le maniant avec exactitude. Mais l’histoire du jeune Drakans ne s’arrête pas à quelques coups de balai…

Le début de l’Apprentissage : Hastil

3989 A.H.

Pour ses sept ans, Veleshro se fit offrir un splendide balai au manche tordu, dont la brosse était composée d’un amas de foin séché solidement retenu ensemble par une cordelette de chanvre. Il observa son présent, et l’évidente tâche qui l’attendait pour l’éternité. Alors qu’il manipulait légèrement son balai, tentant de trouver une position confortable, son voisin, un Kar’Vedda en très bonne santé, reçu une pioche rudimentaire, mais semblable à celle que manipulaient les grands, mais en format réduit. Un autre obtint un marteau de fer, tous les Drakans en santé recevaient des outils que Veleshro avait vus entre les mains de ses grandes-sœurs et de ses grands-frères, ceux qu’ils manipulaient quotidiennement. Et lui, il avait un balai, même les Drakans estropiés avaient droit à un marteau de forgeron ou à un ciseau à pierre. Alors, Veleshro jeta son balai à l’autre bout de la pièce. Le balai tomba sur le sol, et les membres de sa cohorte le regardèrent, interloqués. La discipline et le contrôle de soi avaient beau être une des valeurs importantes des Drakans, la version carcérale du Jardin de l’Éveil était défectueuse et n’avait pu palier le sentiment d’injustice que ressentait constamment le jeune Drakan. L’Ophidienne qui distribuait les outils se retourna en entendant le bruit provenant de la collision entre le balai et le sol caverneux. Il lança un regard sans émotions vers le jeune impertinent qui s’était débarrassé de son balai. Il s’approcha en serpentant lentement à l’aide de son énorme queue et, tirant sa matraque de son ceinturon, l’abattis sur le dos de Veleshro qui s’effondra aussitôt sur le sol en un claquement sec. Personne ne bougea. Il était commun de voir de telles scènes, bien que la réaction de l’Ophidienne ait été démesurée. Un Drakan d’âge mur fit son entrée dans la pièce quelques instants après l’incident. Il s’avança lentement vers l’enfant sans connaissance, allongé sur le sol dans une position peu confortable. Au passage, il fixa l’Ophidienne qui, sans laisser paraître sa peur, sorti de la pièce. Le Drakan d’âge mur, Khayshär, avait suivit l’évolution du petit Veleshro. Il le souleva et l’emporta près du bassin principal de ravitaillement en eau. Il le fit boire un peu et massa les écailles où le coup avait été porté.

- Que sSs’est-il pasSsé? Murmura Veleshro, le regard nébuleux et empli d’incompréhension.

- Tu as provoqué une Ophidienne, jeune KarsSsha-Drak. Répondit le plus posément du monde Khayshär.

- Je devrai maintenant t’enseigner le respect, valeur qui nous fut transmise par Hastil il y a de cela des décennies. Khayshär fit une pause, et continua : « Je puis comprendre ta frusSstration, VelesSshro, mais tu ne dois en aucun cas la laisSser paraître, sSsurtout fasSce à un adversSaire derko. Vois-tu, les récents évènements sSsont le résSultat de ton indiSscipline. Sscela est notre faute, nous n’avons sSsu t’ensSeigner correctement le resSspect et la nécesSscité de l’appliquer autant à tes confrères qu’à tes derkos. Sschaque sSsoir, je t’ensSseignerai un peu de ce qu’est la valeur d’HasSstil et tu deviendras ausSsi resSspectueux que les ansSciens.

Sur ces mots, les enseignements de Khayshär débutèrent et que Veleshro compris ce qu’était le respect. Si au fil du temps, il l’appliquait et respectait les Ophidiennes, même lorsqu’elles étaient insultantes et agressives, Khayshär redoutait le sentiment d’infériorité qui pouvait emplir son jeune apprenti et la rage qu’il pouvait engendrer. Le respect est ce qui permet aux Drakans d’être des égaux et accordé à tout être vivant, il est le premier pas vers l’équilibre.

Ithos

3962 A.H.

Veleshro et les Kar’Vedda viennent de célébrer leur dixième anniversaire. C’était une journée d’hiver. Comme tous les hivers, Veleshro avait peine à travailler, car son métabolisme était défaillant. Il s’efforçait tout de même d’être productif, mais restait près des foyers et des poches de chaleurs. Ce soir là par contre, il ne se sentait pas très bien et s’était allongé près du foyer à la longue et étroite cheminée qui remontait jusqu’à la surface. Un bon feu réchauffait cet être à sang-froid qui prenait du repos. Puis, dans l’immense chambre commune où dormaient tous les Kar’Vedda, on pouvait ainsi mieux faire le compte des têtes et les gardiens de la salle connaissaient leurs pions, un vacarme retentit. Veleshro leva la tête et aperçu Askarda, un Kar’Vedda ayant de mauvais reins; ils mélangeaient parfois urée et sang et évacuaient du sang vers la vessie, ce qui avait pour effet de provoquer de fortes carences en fer. Askarda s’était engouffré dans la pièce rapidement, il tenait à la main un paquet enroulé dans un chiffon et se ruait vers sa paillasse. Askarda retira rapidement le chiffon et planta ses quenottes aiguisées dans ce qu’il avait sorti, un bruit de succion et de déchirement se fit entendre. Veleshro retira sa couverture de lin et s’approcha du Drakan qui ne l’avait pas encore vu. Askarda croquait dans une carcasse animale, peut-être celle d’un sanglier ou d’un porc. Il broyait les osselets, mastiquait tendons et nerfs et avalait rapidement toute forme de chair. Il semblait évident qu’Askarda avait un besoin urgent de fer. Il remarqua Veleshro, ne lui fit pas attention et dévora entièrement tout ce qu’il y avait de comestible sur cette carcasse, y compris la moelle épinière. Il cacha ensuite les restes dans sa paillasse et retourna travailler.

Le soir venu, tous les Kar’Vedda dans la pièce, une brigade ophidienne fit son entrée en sifflant des ordres, elles n’entendaient pas à rire. Tous les Drakans se levèrent et se dirigèrent près de leur paillasse où ils conservaient leurs effets personnels, aussi minimes soient-ils. Le chef de la brigade expliqua brièvement qu’ils cherchaient le coupable d’un vol à la boucherie, un Drakan ayant volé une pièce de viande destinée au sous-intendant des lieux. Selon les horaires de la journée, seuls cette Cohorte avait passé du temps près de la boucherie. Les Ophidiennes se faisaient de plus en plus menaçantes, elles viraient la pièce à l’envers et harcelaient les Drakans présents. Veleshro savait qui était le coupable, et il était persuadé que ses compagnons s’étaient aperçus de la disparition momentanée d’Askarda, mais personne ne disait rien. Les Ophidiennes, à bout de nerf, firent faire aux Drakans des redressements assis, des pompes, des courses et ils leur firent faire la chaise, adossés à un mur. Veleshro, à bout de souffle et sur le bord de l’évanouissement, pensa bien à dénoncer Askarda, évitant que tout cela continue. Mais l’énergie, la fraternité, la force que dégageaient tous ces Drakans épuisés le poussa à rester fidèle, à ne pas succomber à l’envie de dénoncer son camarade. Les Ophidiennes abandonnèrent et laissèrent les Drakans se reposer, après tout, il valait mieux ne pas les tuer à la tâche, car ils ne seraient pas productifs le lendemain.

Veleshro, après une nuit de sommeil, s’en voulut énormément d’avoir osé penser à trahir ses varsdas et se jura de ne plus envisager cette opportunité. Askarda s’excusa à tous les Kar’Vedda le matin suivant cette nuit de supplices, mais tous lui pardonnèrent, ils savaient la cause de sa fringale. Veleshro vit en ce moment là ce qu’était la loyauté. Autant celle dont tous les Kar’Vedda avaient fait preuve envers Askarda, mais aussi celle que ce dernier avait démontré en affirmant être le voleur et en s’excusant sincèrement. La Loyauté est ce qui uni les Drakans, ce qui les maintient forts.


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Message  Empereur Veleshro Lun 2 Fév - 23:17

Syrkos

3964 A.H.

Courage. C’était peut-être le mot le plus noble qu’un Drakan puisse connaître. Peut-être le mot le plus noble que Veleshro connaisse. Ce n’était pas le mot en tant que tel, mais ce qu’il représentait qui fascinait tous les Drakans, du plus jeune au plus vieux.

Courage. La valeur principale des héros d’un temps maintenant révolu.
La douleur était insoutenable. Les écailles se frayaient un chemin dans la chair doucement, insidieusement, plongeant le Drakan dans une léthargie cérébrale, à mi-chemin de l’évanouissement. Ah, l’évanouissement! Ce merveilleux procédé corporel qui, une fois la douleur trop intense et mordante, plonge l’être dans un état d’inconscience, un coma temporaire, afin de le soutirer de ce supplice. Mais ces petites écailles étaient malignes, elles s’arrangeaient pour être d’une douleur extrême, sans provoquer l’évanouissement, ni même l’engourdissement, moins radical, qui, par une circulation moindre du sang, permet de diminuer le transport des informations nerveuses obtenues par les terminaisons libres aux nerfs et à la moelle épinière. Bref, cette douleur savait très bien comment déjouer les failles du système et l’exploiter au maximum afin de faire sentir dans son intégralité la douleur au jeune Drakan. Veleshro se retournait dans tous les sens sur sa paillasse, il frottait sa peau aux endroits où de petites pointes écailleuses commençaient à surgir, le tout afin de faciliter la percée. Les Kar’Vedda venaient d’avoir leur douzième année, ce qui signifiait aussi la première mue. À partir de la onzième, des drakans plus âgés étaient venu les voir et leur avaient annoncé qu’ils devraient apprendre à méditer bientôt, que l’heure de la mue approchait. Depuis, les Drakans s’efforçaient de méditer, se calmant, se concentrant sur autre chose que la douleur. Si l’art de la méditation se pratiquait n’importe où pour les plus expérimentés, les plus jeunes avaient peine à se concentrer dans cette prison froide où les murs avaient des oreilles, des yeux et parfois même une bouche. Pour palier les difficultés de la méditation, le bain commun n’était que très peu chauffé, une fois plongés, les Kar’Vedda pourraient engourdir la douleur en ralentissant leur rythme cardiaque et une fois sorti, ils pouvaient méditer avec une plus grande plénitude. Veleshro n’avait pas ce luxe, les bains froids lui étaient interdits, et c’était tant mieux, car il portait en horreur les grandes étendues d’eau non chauffée. Une rage l’emplissait peu à peu, il détestait souffrir et ne pouvoir rien y faire, il avait beau frotté, gratter, rien n’y changeait beaucoup de chose. C’était un peu lors des maux de têtes poignants et des migraines, le désire de s’éclater la tête sur un mur afin de faire cesser la douleur. Mais, vraisemblablement, il ne pouvait rien contre cette douleur…

La nuit suivante, il se leva, décidé à changer cette situation. Il s’avança en titubant vers le foyer, son corps tremblait et l’effort qu’il faisait, additionné à la douleur, aurait pu l’envoyer valser dans le néant pour les jours à venir. Il prit place devant le feu en position assise, les jambes croisées et ramenées vers lui. Il étendit les bras sur chaque côté et ouvrit les pattes, tentant de se détendre. Il inspira. Il expira. Inspira. Expira. Au fil du temps, il trouva un semblant de concentration et de réconfort auprès des flammes dansantes qui consumaient un bois humide et pourri. Ses yeux étaient clos, mais il avait l’impression de pouvoir sentir tout ce qui se trouvait autour de lui, de les sentir un peu comme s’il était une bourrasque et qu’il caressait ces objets. Il porta tout son ouï sur les crépitements du feu, un doux bruit si familier et réconfortant. La chaleur qui en émanait se transmettait à son corps et, lentement, il se réchauffait. Il se rendit compte qu’il n’éprouvait plus de douleur, mais il ne put s’en réjouir, car le simple fait de songer à la douleur l’avait déconcentré et avait fait réapparaître les milliers de petits poignards qui poussaient de l’intérieur vers l’extérieur. Cette douleur lui tira une grimace. Passer de ce sentiment de quiétude à de telles souffrances… Pourtant, il devait les affronter, aussi bien que ce soit de la manière la plus digne possible. Il reprit place, croisa les jambes et ferma les yeux. La méditation recommençait. Durant les semaines à venir, tous les Kar’Vedda s’exercèrent à la méditation et ils passèrent tous à travers cette période douloureuse de la vie d’un Drakan, la première mue.

En réalité, le courage n’est pas la valeur des héros. Le courage est plutôt la valeur de tous Drakans, car si certains sont pieux et d’autres pas, si certains sont mystiques et d’autres pas, tous sont courageux, puisqu’ils passent tous à travers la première mue et de ce fait, endurent plus que ce que la majorité des êtres vivants de ces landes ne peuvent imaginer. La première mue n’est que le commencement, la souffrance évidente, acceptable.

Rhyvos

3972 A.H.

Les tailleurs de pierre s’étaient, encore une fois, épuisés à la tâche en taillant des pierres toujours plus grosses. La pièce où ils se trouvaient était circulaire et était munie de trappes d’aération afin d’évacuer un peu de poussière émanant de chaque coup de ciseau donné dans la pierre. Des rails sortaient d’un tunnel horizontalement et s’arrêtaient au milieu de la pièce. La clarté était plutôt bonne comparativement au reste des infrastructures ophidiennes, accentuée par un ingénieux système de miroir qui se transmettait la lumière du soleil, le tout car les tailleurs devaient voir à merveille ce qu’ils faisaient. Ainsi, perchés sur des escarbots ou assis sur un tabouret, tous se donnaient afin de terminer cette livraison dans les délais. Veleshro mettait les pieds dans cette pièce pour la première fois et il en était plutôt content, car les tailleurs étaient parmi les esclaves les mieux traités. Mais ce que devait y faire Veleshro était moins alléchant; il devait balayer la pièce la plus poussiéreuse qu’il n'ait jamais vu, une couche de poudre majoritairement blanche et grise recouvrait le sol et ce de plusieurs centimètres. Les trappes d’aération n’étaient pas parfaites et il s’accumulait une poussière mortelle si ingérée en trop grande quantité par les poumons. Il fallait donc épurer le sol. Étrangement, ce sale boulot qui pouvait être très nocif était effectué en grande partie par des Kar’Vedda, qui plus est considérés comme plus faibles que les autres. Il ne fallait pas être un sage pour comprendre que si les plus faibles pouvaient mourir durant le processus, c’était tant mieux pour les Ophidiennes, des bouches de moins à nourrir. Ses compagnons et Veleshro eurent au moins la bonne idée de recouvrir leurs naseaux d’une bandelette de tissus prise à même ce qui leur servait de drap. Ils pouvaient ainsi respirer plus aisément et en encourant de moins grands dangers.
Après plusieurs jours de nettoyage intensif et de balayage effréné, des échos de disputent parvinrent dans la pièce. Le son s’intensifiait et on distinguait bien deux types de prononciation différente, une drakanne, l’autre ophidienne. Sortirent du tunnel quelques mineurs et un peu moins d’Ophidiennes, qui ne semblaient pas très bien s’entendre, puisque chaque camp hurlait sur l’autre. Le sujet du débat semblait être sur la productivité, mais dans toute cette cacophonie, il était difficile de discerner les mots des cris. Tous dans la pièce arrêtèrent de travailler avec un stoïcisme que même les statues de sel ne savaient imiter. Seuls les hurlements retentissaient sur les murs pour finir par s’évader par les trappes d’aération. Un des gardes ophidiennes perdit patience et heurta de son poing un des mineurs. L’immense créature ailée, qui était un des Drakans les plus musclé, bâti et costaud qu’ait vu Veleshro, s’effondra sur le sol, ce qui entraîna la levé d’un nuage de poussière. Le Drakan se remit sur pied rapidement, puis se tint très près de l’Ophidienne, droit comme un poteau, fixant son assaillant d’un regard qu’on aurait pu qualifier de déterminé, mais certainement pas de furieux. L’Ophidienne, tremblant de rage, le frappa à nouveau, mais cette fois-ci, avec l’extrémité non tranchante de sa hallebarde. Un autre nuage de poussière s’éleva. Puis, le Drakan était à nouveau sur ses pieds, droit, ignorant le sang qui s’échappait d’une fente entre deux écailles au-dessus de son arcade sourcilière gauche. Il essuya le ruisseau d’un revers de main avant qu’il n’atteigne le sol et il affichait maintenant un air de défi surprenant. Tous autour de cette scène étaient sans voix, l’on pouvait entendre la poudre de pierre retombée. Il s’était encore rapproché de son assaillant et l’Ophidienne pouvait sentir chaque expiration du Drakan ailé sur ses écailles. L’air se faisait étouffant autour de ces deux créatures, aucun Drakan n’avait osé intervenir et il en était ainsi chez les serpents. D’un côté, l’on se demandait si ce n’était pas le signe de la révolution drakanne, celle qui mettrait fin à l’ère de terreur qu’ils avaient instaurée, de l’autre, on observait simplement ce qui était une démonstration d’espoir et de puissance.

L’Ophidienne, qui semblait subjugué par ce dont faisait preuve le Drakan, se ressaisit finalement après plusieurs secondes, ou bien étais-ce des minutes? Le fait est que personne ne su réellement combien de temps s’était écoulé. Outrée, le geôlier leva sa hallebarde bien haute dans les airs, puis le soleil vint caresser la lame étincelante de cette arme mortelle avant que l’Ophidienne ne l’abatte en direction du Drakan encore à quelques centimètres d’elle. Il y eut un choc, quelques débattement, puis plus un son. Le reptile ailé était toujours figé comme un pic, ancré au sol. La partie tranchante de la Hallebarde était toujours immobilisée dans les airs, près du crâne du Drakan. L’Ophidienne ayant perdu son sang-froid était captive de trois de ses camarades, enchevêtrée par six bras qui la maintenaient fermement en place. Après l’avoir complètement maîtrisé, deux des Ophidiennes l’amenèrent au loin, par des portes qui menaient à l’extérieur. La dernière Ophidienne se tenait devant plus de trente Drakans, impuissante. Elle réprima le Drakan ayant défié leur autorité en le menaçant d’éventuelles représailles, puis s’en retourna par le tunnel menant aux mines. Dans la pièce circulaire, l’air était électrique, chargé par un mélange de fébrilité et d’un sentiment que le peuple de Sakertosk avait peu ressenti depuis les trente-cinq dernières années : La satisfaction, voire la joie et l’espoir.

Lorsque Veleshro partagea ce qu’il avait vu cette journée-là avec les autres Kar’Vedda et avec Khayshär, tous les jeunes furent stupéfaits. Pourquoi avait-il défié les Ophidiennes avec les risques qu’il encourait? Pourquoi s’était-il relevé? La mine l’avait-elle rendu fou? Tant de question s’élèverent chez les petits reptiles qui enchaînaient les thèses crédibles, mais fausses. Puis, Khayshär prit la parole, et comme il était le responsable de cette cohorte, on l’écouta attentivement.
- Rhyvos, mes chères varsdas. Le comportement de sSsce Drakan n’est ker qu’un acte de défiance, c’est une démonsSstration de fierté totalement méditée. Or, lorSsqu’une telle fierté est si bien maîtrisée, elle devient de l’Honneur.
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Message  Empereur Veleshro Lun 2 Fév - 23:17

Chapitre second : libération

3972-3982 A.H.

Il fallut dix années après cette dernière leçon inculquée par Khayshär pour que le peuple Drakan rompt ses chaînes et redevienne le protecteur de l’Équilibre. Cette insurrection marqua d’ailleurs la mort de Khayshär, le premier senseï qu’ait véritablement eût le jeune Kar’Vedda. Il fut effectivement tué par les gardes lorsqu’il s’élança, griffes déployées dans un tas d’Ophidiennes afin d’assurer aux jeunes Kar’Vedda une fuite; son sacrifice fut un succès. Mais Veleshro ne prit jamais bien compte de ce que signifiait Laryss à ce moment. Dans la bousculade, dans l’excitation du moment, il avait gardé des souvenirs peu brouillés de la mort de son mentor. Il appliqua, durant l’insurrection et les combats s’en suivant les valeurs qu’il avait déjà acquises, et bien qu’il avait déjà connaissance de toutes les valeurs drakannes et les appliquait presque toutes, il ne prit véritablement conscience des valeurs restantes que bien plus tard. Elles s’individualisèrent, elles devinrent des valeurs auxquelles il ne fut pas qu’éduquer, mais auxquelles il adhérait de toutes ses forces, qu’au fil de ses expériences personnelles.

Shârnia

3982-3985 A.H.

Biens des années s’étaient écoulées depuis la libération. Il y avait tout d’abord eu l’hospitalité de Kopef et des Nalkiris, et l’appréciation progressive du monde extérieur : Veleshro qui n’avait jamais connu qu’un cachot en était particulièrement perturbé. Puis, le frêle Drakan s’adapta, devint un rat de bibliothèque et un fin savant. Il acquit une méthode de travail exemplaire, une discipline toute drakanne et une persévérance inopinée pour quelqu’un qui avait balayé sa vie durant. C’est durant cette période faste, où il fut mis en contacte avec le savoir et les autres draks, que Veleshro découvrit les vertues de Shârnia. En cotoyant le savoir de sens commun des Nalkiris, et les notions de tous les autres peuples, le jeune Drakan se percuta à de sérieuses remises en question. Sa conception du monde, moniste de par les enseignements Drakans, se confrontait à la réalité d’autrui. Émerveillé, le jeune Drakan devint avide de savoir, de connaissance. Il se mit à dévorer bibliothèque par bibliothèque – c’est d’ailleurs ce qui fit de lui un érudit fort bien documenté – mais très rapidement, il se rendit compte que la connaissance brute n’apportait rien. Il fallait savoir raisonner. Le jeune Drakan se mit donc à philosopher sur certains sujets, apportant l’approche qu’en avaient les différents peuples. Ainsi, sur la notion de justice, il s’imposa l’étude de cette conception chez toutes les ethnies supérieures et rapidement, il constata qu’ils avaient tous des critères différents! Alors que pour l’Hastane, la justice est un dogme odéonien et inquisitoire, pour le Kardar, elle se monnaye en dommages-intérêts, pour le Gorlak elle se règle après une joute et pour le Nalkiri elle passe par la sagesse des ancêtres. Veleshro, par de nombreuses recherches du genre, développa tout bonnement son sens critique et son sens réflexif. Il prit bien vite conscience que l’Équilibre n’était pas si simple qu’il ne le paraissait en théorie, que son application nécessitait différentes approches et que de nombreux concepts s’imposaient. Pour que l’équilibre règne, il fallait bien plus que la contrainte physique ou la coercition économique. Il fallait penser comme le peuple, penser quel impact cela aurait sur les autres draks, etc. Il fallait savoir prendre du recul, réfléchir et tenter de comprendre la multitude d’effets qui résulteraient d’une action. C’est donc tout d’abord en pensant l’équilibre que Veleshro devint une des figures emblématiques de l’équilibre sur Teilia, car il a su se montrer posé, penseur, modérateur et calculateur. Il anticipait, il prévoyait, il organisait. Car avant tout, pour que règne l’Équilibre, il faut bien le saisir, bien saisir les répercussions que le moindre acte aura sur ce qui l’entoure et pouvoir s’adapter aux changements tels que le furent la perte de l’Ambre et de la majorité des Drakans ou encore les changements kronosiens dans la définition d’Équilibre. Et pour ce faire, il fait réfléchir, tenir compte de l’Équilibre dans toutes les situations, à la façon de Shârnia.

Puis, il y eût la découverte de l’Ambre des Mers, le paradis Drakan. À peine avaient-ils eût le temps de fouiller les bibliothèques qu’une armée de therathan tenta de s’emparer de l’imprenable cité. Dès lors, le frêle Drakan dû s’en remettre aux armes et il combattit aux côtés de ses frères. Il fut même le bras droit d’Ethys, qui servit de général durant cette bataille, et ils repoussèrent la menace, aidés par les autres peuplades.

Yarask

3993-3994 A.H.

La découverte individuelle de ce que représente Yarask fut faite lors de ce qui est considéré par plusieurs comme étant le plus grand accomplissement de Veleshro; la Coalition. Désirant combler le manque cruel de diplomatie qui faisait évoluer les royaumes dans un ensemble erratique et imprévisible, le jeune Drakan eût une idée : organiser une rencontre officielle des représentants de chaque peuple où chacun pourrait faire part de ses ennuis aux autres. Le but principal était de réduire les tensions raciales et qu’au lieu d’envoyer leurs armées régler leurs différends, les peuplades règlent le tout de façon diplomatique, réfléchie, et sous les conseils avisés des autres peuples. Ainsi furent organisées des rencontres au sein de Tyrimar, la plus neutre d’entre toutes les cités et l’exercice semblait fonctionner à merveille. À ce stade, Veleshro s’enorgueilli quasiment d’avoir ramené l’Équilibre sur les landes alors que quelques mois auparavant à peine, le chaos régnait en maître absolu. Il fallait dire que la majorité des draks se prêtaient très bien au jeu, eux-mêmes trouvant plaisant l’exercice diplomatique. La majorité, pas l’entièreté. Effectivement, les Kheijans, après quelques rencontres et après avoir été les plus récalcitrants à adhérer à la Coalition, – secondés de près par les Hastanes qui s’y adonnèrent davantage par peur de la voir se retourner contre eux qu’autre chose – perpétrèrent un crime contre les Nébulix en pillant leurs coffres et en tuant la banquière. Le cas fut transporté devant la Coalition et Janaan, défendant son peuple, ne peut empêcher les autres représentants de vouloir lui imposer une sanction quelconque. Mais la Coalition, ne disposant d’aucune souveraineté réelle sur les peuples, ne pouvait imposer une véritable sanction et ce faisant, certains peuples prirent les devants : les Mortanyss, dont les tensions avec les Kheijans n’avaient cessé de s’exacerber, et les Nébulix, pour le crime dont ils furent victime. Divisée sur le sujet, la Coalition qui, malgré sa constitution, ne disposait d’aucune règle à cet effet, se rompu dans un désordre aberrant.

Ce n’est pas de la réussite initiale de la Coalition dont Veleshro tire sa valeur de l’équilibre absolu, mais de son échec. Un tel insuccès ne fit, au final, que renforcer l’idée dont se faisait le Drakan que l’équilibre se devait d’être absolu. Car il suffisait d’un grain de sable pour tout chambouler. Il avait suffit qu’un peuple commette un méfait pour que tous rompent leurs engagements et que tous ces efforts volent en éclat. Dès cet instant, Veleshro su qu’il vouerait la vaste majorité de sa vie à prôner l’équilibre dans sa forme la plus absolue possible, la plus parfaite, lustrée, unie. Et le combat diplomatique qu’il continua de mener auprès de tous les peuples, grâce à la notoriété que lui avait procuré la Coalition, permis de préserver, quelques temps après ce conflit, la paix sur Teilia et la non-soumission d’un drak à un autre. Il obtint d’ailleurs la renommée, dans bien des cités, de plus grand diplomate de Teilia. Mais ne faisant l’erreur de s’en flatter, il s’en servit ardemment pour influer sur les politiques de chaque drak. Tout équilibre est précaire s’il n’est absolu. Au moindrement moment, la balance peut pencher d’un côté. Et bien que l’équilibre absolu soit inatteignable, on doit tout de même y tendre et c’est en y tendant qu’on pourra préserver le moindre équilibre, aussi précaire soit-il.
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Message  Empereur Veleshro Lun 2 Fév - 23:19

Tyrnyar

3998 A.H.

Mais bien rapidement, la voie des armes, acquise durant l’invasion therathan, ne lui suffit plus. L’intellectuel qu’il était, et sa faiblesse de corps – malgré sa vigueur nouvellement acquise – ne lui permettaient pas de rivaliser avec la moindre recrue. Il opta donc pour une approche plus savante, celle de la magie. Bien vite, il su manipuler les illusions. Tissant la réalité, étoffant des déviations en sa toile unie, il éprouvait une véritable passion pour l’art arcanique. Et alors même qu’il perfectionnait son art en l’Ambre survint une crise politique : effectivement, la triarchie des Justes était ébranlée par une vive opposition qui déclamait l’inactivité totale des Triarches face aux changements drastiques qui s’opéraient. La maladie qui frappa Syrs et l’exil de Tarakstar ne firent qu’enflammer la rébellion qui s’opposait au monisme flagrant de la défunte triarchie. Ce mouvement, mené par Ethys, emporta rapidement Veleshro dans sa vague et lorsqu’ils vinrent contester l’autorité de la Juste administrative. Celle-ci, appuyée par Akashmentesk, l’antéambréen archiviste Drakan que tous croyaient mort, fomenta bel et bien un coup d’État. Mais il y avait erreur sur la personne : ils étaient en vérité des Ophidiennes et, prenant par surprise la maigre milice, elle les poussa hors de la cité, laissant tous les habitants restant à leur merci. S’en suivi un des sièges les plus pénibles qui fut donné.

C’est précisément au moment le plus critique de cette crise que l’importance de Tyrnyar se révéla au Drakan. Principalement pour deux raisons : par la découverte de la magie théurgique, révélée au grand jour par ce même Drakan, une magie si puissante qu’Akashmentesk l’Ophidienne, en la maîtrisant, rétabli le joug ophidienne sur la forte majorité des Drakans. Mais, pis encore, il eût un véritable rapport individuel à l’importance du mystique lorsque, au moment de l’acte ultime de la menace rampante, elle égorgea les milliers de Drakans captifs. Sous les cris d’horreur s’élevant de la cité, Veleshro, qui maîtrisait l’art de la téléportation, se rendit sur un des remparts. Il assista, impuissant, à ce spectacle d’horreur. Il disposait d’un pouvoir permettant d’ouvrir des brèches interdimensionnelles et de sauver plusieurs Drakans, ce qu’il fit d’ailleurs, mais il s’agissait d’une dizaine tout au plus.
Une telle connaissance magique, si pleinement maîtrisée et exploitée, aurait pu permettre de sauver l’entièreté des Drakans. Qui plus est si elle avait été maîtrisé en parallèle à la théurgie! Dès lors, il semblait évident aux yeux du pâle Drakan que la magie, le contrôle des flux mystiques étaient d’une importance capitale dans toute entreprise d’envergure. Il comprit, surtout, qu’un tel pouvoir, lorsqu’employé avec malveillance, peut détruire des peuples entiers. Et que lorsqu’on en use à bon escient, il peut en sauver. Il fut désormais clair que les énergies mystiques avaient un grand rôle dans la régulation de l’Équilibre.

Sakertosk

3998 A.H.

Veleshro avait toujours été un des Drakans les moins pieux qui soient. Croyant davantage en Sakertosk qu’en la capricieuse Aeltisis, l’aspect religieux de sa vie était le moins développé. De toutes les valeurs, elle était celle à laquelle il s’adonnait le moins, car de tous cultes naissait quelques fanatiques et pour le froid, calculateur et modéré Veleshro, le fanatisme ne menait à rien de bon. Même parmi les siens, certains s’abandonnaient trop profondément aux Cilias et se perdaient. Kerhash et lui-même avaient d’ailleurs émis la théorie de la contradiction drakano-daëlwena. Elle allait comme suit : Aeltisis avait donné un mandat différent aux deux peuples, pour l’un deux, cela consistait à régenter l’équilibre interracial, pour l’autre, à veiller au cycle et, subsidiairement, à détruire les Mortans. Or, admettant que les Daëlwenas soient sur le point de succéder dans cette tâche, les Drakans devraient nécessairement intervenir et contrecarrer les plans Daëlwenas. Ce faisant, en suivant l’équilibre imposé par Aeltisis, ils contrevenaient à sa volonté manifeste.
Le tout changea drastiquement lorsque Kronos pris le relai d’Aeltisis. Certes, ce fut le moment de nombreux bouleversements au sein du peuple reptilien, mais pour le mieux. Surtout, Veleshro acquis une foi renouvelée en le Maître du temps, qui prônait un véritable équilibre, non-biaisé, auquel Veleshro adhérait totalement. Sa foi immuable envers l’aveugle lumineux le mena à redoubler d’ardeur, lui qui avait été, tout comme ce qu’il restait de son peuple, très affecté par la perte de la majorité des siens et de son peuple. Ainsi, de Tyrimar et de l’Opale, le somptueux et intemporel domaine que leur offrit Kronos, il reprit ses activités équilibristes comme ce fut le cas lors de la Coalition. Il s’aventura dans toutes les cités, rencontra la majorité des dirigeants, tissa des liens, fit des rencontres en Tyrimar, etc. Veleshro se démarqua tellement, il devint si exemplaire que peu après, il fut envoyé entre l’espace et le temps, comparaissant devant trois des porteurs de la voix de Kronos : Syrs, Myurska et Fylyars. Tous trois l’interrogèrent longuement sur ses accomplissements, ses apprentissages. Ils sondèrent son esprit, sa sagesse, et après un moment interminable – c’était le cas de le dire, situé hors du temps – ils lui accordèrent la bénédiction suprême : il reçu ses ailes, il fut le premier à recevoir un tel don de Kronos. Cet événement ne renforça nullement la foi de Veleshro en Kronos, c’aurait été impossible, mais elle ne fit que lui confirmer que sa foi était bien placée, qu’il accomplissait bel et bien la volonté de son Cilias.

Tel Sakertosk, il fut récompensé par son Cilias, bien que ce soit des cilias différents. La voie du pieu lui semblait désormais plus claire, et elle ne consistait pas à la poursuite de dogmes tels qu’imposés par le régime aeltisien. Non, elle était davantage axée sur la mise en application concrète, réelle des volontés de Kronos. Il lui semblait donc que, bien qu’il ait une foi indéfectible, la pratique de prière, la récitation de litanies et de tels rites n’étaient pas nécessaire pour prouver à Kronos qu’il était bel et bien un de ses suivants : pour l’Aveugle suprême, les gestes importaient davantage. Ainsi, être pieu était appliquer l’équilibre kronosien et ses préceptes en fait quotidiens, concrets et décisifs, qui permettraient bel et bien de tendre à l’équilibre au sein des landes, non pas en la reproduction de facéties litaniques!

Laryss

3998 A.H.

L’année 3998 A.H. fut la plus mouvementée de toutes celles qu’ait vécu Veleshro. Aux prises avec plusieurs altercations diplomatiques, la faille, la venue de Kronos, l’invasion des armées de Sakertosk le déchu, etc. Les Drakans étaient véritablement au centre de l’action, car situés à Tyrimar, juste au sud-est de la Faille, épicentre de l’invasion des créatures du néant qui corrompirent le Natiris et Aeltisis. Et qu’au final, le général de ces armées était leur ancien messie. La guerre, contrairement à ce que pourrait laisser paraître la ligne du temps teilienne, fut beaucoup plus longue, elle s’étala sur plus d’une année. Les Drakans eurent le temps de devenir des croyants de Kronos, d’être assuré de sa tutelle, le tout bien avant que ne subvienne la destruction de Sakertosk l’impie. Les combats eurent lieu des années durant. Puis, vint le jour où la confrontation finale devait avoir lieue.

Cette journée là, tous les Drakans étaient nerveux. Veleshro particulièrement. C’était dû à une raison bien simple : ils faisaient équipe avec Akashmentesk qui, à peine quelques saisons plus tôt avait réduit leur peuple à néant, afin de détruire Sakertosk. Qui plus est, celui qui menait conjointement cette offensive théurgique n’était nul autre que Kalasth, un frère pour qui Veleshro n’éprouvait qu’un respect solennel et qui avait perdu sa confiance la journée où il avait commis un vol, celui de l’amulette en améthyste et en fer qui contenait l’âme de la juste administrative. Ils créèrent un énorme rubis par lequel ils conjurèrent le Sakertosk corrompu, et, tous assemblés en cercle, au nord de Tyrimar, ils se concentrèrent pour unir leurs énergies. Les flux théurgiques furent efficace et, se servant de l’énergie de tous et des cristaux de rubis, ils obligèrent Sakertosk à apparaître, affaibli, devant eux. Et c’est à ce moment qu’Ethys, muni d’une dague elle-même théurgique, s’approcha de Sakertosk et, dans un geste vif, transperça l’abdomen de l’ancien messie.

Puis, à l’insu de tous, Ethys de projeta dans un torrent arcanique avec Sakertosk et ils disparurent tous deux. En fait, ce ne fut pas tout à fait à l’insu. Ethys savait pertinemment ce qui l’attendait, car il distribua certains de ses biens à des êtres qui lui étaient chers. Et ce fut la dernière fois qu’on entendit officiellement parler d’Ethys, le héros qui sacrifia sa vie pour l’Équilibre.

*
Veleshro et Ethys avaient toujours entretenu des relations conviviales, fraternelles, bien au-delà de ce que les Drakans normaux ont entre eux. Souvent opposé, le Paladin préférant la voie des armes à la voie de la voix que prêchait Veleshro. L’un menait les armées du peuple, l’autre s’occupait des affaires internes. L’un représentait la vieille école drakanne, vivant depuis des siècles, l’autre, à peine âgé d’un demi-siècle, représentait la vigoureuse jeunesse. Ou du moins ce qui en restait. Et les deux se complétaient entièrement, dirigeant le peuple tel le feraient deux consuls. L’épée et la plume.

Mais plus récemment, après le siège de l’Ambre, Veleshro avait pris un tournant plus martial, comme il l’avait fait à l’époque du siège therathan. De la maîtrise des illusions, il apprit l’art des arcanes offensives, leçons qu’il reçu principalement de Valamir Medan, le maréchal hastane et de Minisht, un de ses plus grands varsdas. Et contre les premières vagues de Sakertosk, lors du siège de Luk’Maar et de l’arrivée triomphale de la Sharkass, ils avaient impressionnés toutes les landes.

Mais rapidement, cet art martial lui semble bien plus catastrophique qu’autre chose. Le fait qu’il sache déferler un tel flux destructeur ne le poussait qu’à vouloir comprendre et maîtriser davantage l’art théurgique, art que Veleshro s’était voué de détruire dès qu’Akashmentesk s’en était servi d’une façon si facile et fulgurante qu’un seul théurge pouvait remettre l’Équilibre en jeu. Qui plus est, un diplomate capable de déchaîner des torrents enflammés n’avait jamais la côte très longtemps. Mais ressentir l’impuissance qu’il avait ressenti en voyant son peuple se faire massacrer lui procurait un tel sentiment de faiblesse – sentiment que tout Kar’Vedda abhorrait de nature, on parlait même chez les Drakans du syndrome Kar’Vedda, soit une cohorte qui désirait accumuler beaucoup de puissance pour pallier à leurs défectuosités naturelles (aucun clin d’œil au syndrome Napoléon!) – qu’il ne pu se résoudre à abandonner tout aspect martial.

Il se tourna donc vers Ethys, envers qui il avait une confiance indéfectible et lui demanda humblement de le prendre sous son aile – au sens littéral – et de l’entraîner. Bien que Veleshro était physiquement désavantagé, plus petit, plus maigrelet que tous autre Drakan. Ethys accepta sans hésitation et ils débutèrent un entraînement intensif, jours et nuits, où le récemment élu maire de Tyrimar fit bel et bien un avec son corps. Il devint plus musculeux, plus agile et leurs sempiternelles séances de méditation l’endurcirent aussi de l’esprit, du moins au sens militaire du terme. Et cette faiblesse naturelle qui affligeait Veleshro, son manque de pigmentation écailleuse et sa faible résistance au froid, avait grandement été palliés par les anneaux anti-givre qu’avaient confectionnés Minisht et Sragyas. Ainsi donc, les deux grands varsdas, qui entretenaient désormais une relation mentor élève sans aucune connotation pédéraste, se lièrent davantage.
Ce changement martial chez Veleshro n’en fit pas moins un pacifiste équilibriste, un amant de l’oratoire et des digressions hors contexte. Il ne devint qu’un meilleur leader, plus conscient de tous les aspects, et plus en paix avec lui-même, avec sa faiblesse. Et il devint un combattant ingénieux et efficace.

*

Veleshro venait donc de voir disparaître son meilleur varsda, son frère, celui avec qui il avait si bien su guider les siens dans les moments les plus sombres. Le choc fut traumatique, destabilisant, horrifiant, même pour ce Drakan qui avait maintes fois su retenir ses passions et calmé ses frères tels qu’Aertos, Theratore ou Serthos. Une tristesse envahi le maire et il parti méditer très longuement sur la situation. On dit qu’il s’absenta des semaines entières, laissant à Watsonosk, son fidèle assistant, la gérance des affaires communes. L’épée ancestrale que lui avait légué Ethys à ses côtés, il s’était réfugié dans l’un des espaces de « la voie de l’unité » et il fit le point. Ethys avait prouvé, encore une fois, qu’il pouvait en apprendre à Veleshro. Il s’était sacrifié pour l’Équilibre, il avait fait don de sa vie, tel que l’avait enseigné Laryss. Et c’est à ce moment que la mort de Khayshär revint à Veleshro. Lui aussi, son premier mentor, s’était sacrifié pour sa cause. Les deux Drakans qui avaient forgé Veleshro, qui l’avaient marqué, avaient donné leur âme afin d’assurer le succès de leur quête. Et c’était là l’étoffe des grands. Et si Veleshro avait toujours su à quel point l’enseignement de Laryss était important, il en prenait une conscience individuelle et totale à ce moment précis. Il savait désormais que, si l’obligation se présenterait, il n’hésiterait pas. Car parfois, le sacrifice est la seule issue, et le sacrifice d’un seul peut permettre à des milliers de survivre.

(suite à venir, mais nécessitera approbation de Shu)
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Message  Xaïr'nissath Tael'Vissist Mar 3 Fév - 0:08

J'aime lire bon. Ça m'inspire même si la lecture peut être ''chiante''. Razz

Et comme tu dis, il devrait y avoir, au même titre que les avatars et les signatures, une longueur maximale de BGs. Rolling Eyes Ça éviterait les textes ''gastronimiquement'' long. Razz

Sinon, j'ai bien aimé le texte pour ma part. ^^ C'est cependant carrément un BG d'avant les 15 ans plutôt que de la création du personnage en soi. Malgré ce, ça reste très bon. Le petit aspect que j'ai préféré est les transmissions des valeurs à Veleshro par l'intermédiaire de diverses scènes.

Si suite il y a, je lirai assurément. Smile
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Message  Empereur Veleshro Mar 3 Fév - 0:15

Ouais la suite est assez confidentielle. Et c'est dans celle-ci que sont expliqués les 15 ans.
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Message  Serthos Hosnar Mar 3 Fév - 0:47

Exelent bg d'avant les 15 ans Very Happy
J'ai bien hate de lire la suite.
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Message  Ethys Sathysmyth Mar 3 Fév - 11:48

Un seul, mot; Wow.


Merci Phil. Cela ma beaucoup touché.

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Message  Empereur Veleshro Mer 2 Déc - 23:22

Myurska

4000 A.H.

Tout diplomate sait que ses deux plus grands outils sont la réflexion, celle de Shârnia, et le mystère, celui de Myurska. Il faut donc acquérir des informations, les traiter, les penser, en tirer des conclusions. Mais des informations mal utilisées sont inutiles, désuètes. Dans des négociations, il faut amener lentement les parties à consentir, à s’engager, et pour ce faire, il faut doser la part d’information qu’on leur donne. Davantage encore lorsque l’une des parties est récalcitrantes; c’est à ce moment qu’il faut sortir une information percutante, qui finira de la convaincre. Les diplomates sont, à bien des égards, des commerçants. Ils s’échangent la guerre, la paix, les armistices, les blocus, les traités, les accords, les décrets, etc. Mais, encore plus subrepticement persuasifs que les vulgaires vendeurs, ils doivent redoubler d’augure, car devant eux siège une personne qui tentera de leur vendre la même salade. Ainsi, la diplomatie est un jeu d’astuce, d’intelligence et de ponctualité.

Mais Veleshro ne fut frappé par l’enseignement de Myurska qu’en observant… son lui-même maléfique commettre des crimes!

Veleshro avait suivi un Drakan dans un domaine particulier, un monastère, et après une discussion philosophique enrichissante bien que douteuse, il bu quelques gorgées d’une mixture que lui offrit son hôte, un moine. La boisson, empoisonnée, le tua rapidement et il fut intercepté par Delioth qui le traina au Mortulum. Là, le désormais reconnu Dissipastar et lui eurent une échange plutôt brève au cours de laquelle Delioth dit : « Mais toi, Veleshro, tu es une plaie. À toujours vouloir ramener l’ordre établi ». Le jeune Drakan avait bel et bien contrecarrer quelques plans de Dissipastar, l’empêchant de semer la zizanie et la tyrannie. Mais Disspastar ne l’entendait pas ainsi et, agrippant la tête du maire, il corrompu son âme. Désormais, Veleshro était un Diaboliste, envoyé pour semer la corruption et la tyrannie sur les landes. Impuissant, l’âme bienveillante s’observait commettre de tels actes, en totale dissociation avec son corps. Et de tous les coups d’éclats de Vyssantar, le nom du Diaboliste, fut celle de la fontaine de Citria. Il concocta un long plan, avertissant le responsable des aqueducs de Citria, le semant de lui répondre, car Veleshro présageait un coup Mortan pour empoisonner la cité. Mais il n’en fut rien et, une fois rendu à la source, il égorgea le responsable et y déversa des litres et des litres de sang. Veleshro était horrifié d’un tel comportement, de voir ses mains ainsi souillées de sang, mais le caractère érudit et scientifique en lui le poussa à s’interroger sur le comportement de Vyssantar et il y vu très rapidement que la clé de son succès n’était en rien une force brute : il agissait toujours seul, ne pouvant s’imposer par la contrainte physique. Mais il était rusé, et sa ruse tirait sa source du juste traitement de l’information qu’il faisait. Il savait titiller la curiosité des gens en leur donnant des bribes de savoir, il savait rester totalement mystérieux quant à ses desseins, allant même à être considéré comme étant le même bon vieux Veleshro qu’auparavant et ce par certaines des personnes connaissant le mieux Veleshro. Il était si mystérieux qu’il subjugua l’entièreté des landes et participa activement à la Guerre de l’Étoile Morte, du moins indirectement.

Et c’est ironiquement à ce moment que Veleshro pris connaissance qu’un traitement rigoureux et minutieux de l’information, et surtout de ses connaissances, pouvait détourner des fleuves et réorienter quiconque. Certes, son alter-égo l’employait avec une malveillance et il en abusait, mais Veleshro ne le ferait pas. En fait, il prit véritablement conscience que Vyssantar usait des attributs et des capacités de Veleshro, il avait tout simplement exacerbé et avili cette caractéristique décrite plus haut qu’on tous les diplomates – particulièrement le plus neutre et le plus reconnu des landes – pour qu’elle serve ses plans. Veleshro savait donc désormais qu’accorder un traitement juste et pertinent au savoir qu’on détient et, surtout, en conserver la majorité enfouie, ne laissant paraître que la pointe de l’iceberg, permettait, sans nécessairement manipuler les individus, de s’assurer que les autres lui porteraient un intérêt constant et une influence particulièrement grande. Car, sans mentir, celui qui sait user du mystère dispose d’un pouvoir grandiose; car ce qui fait la valeur des savoirs, des informations, est leur rareté.

Chapitre troisième : rédemption

4005-4010 A.H.

_ « SARKO, JAMAIS JE NE VOUS SERVIRAI, PLUTÔT… REMOURIR! » S’époumona Veleshro, à genoux, haletant, son corps parcouru de soubresauts de rage comme jamais le corps du Drakan ne l’avait été.

_ « Oh… Si tu ne le veux pas, je ne peux rien y faire alors… s’enquit son interlocuteur, sur son trône juché. »
Retentit aussitôt un rire profond, machiavélique, perturbant.
_ « Je blague, évidemment », ajouta son terrible Némésis.

Le Drakan était envahi d’une profonde impuissance, et bien vite, une poigne puissant lui attrapa le crâne et il ne pu rien y faire; une énergie nouvelle, différente, s’empara de lui, la transperçant, le pourfendant et rapidement, il sombra dans l’inconscience…

Les bois en frontière de Mortancia étaient agités, les quelques corbeaux qui y évoluaient, troublés par le comportement dérangeant, s’envolèrent afin de trouver la quiétude. Un long sifflement, se transformant rapidement en hurlement de rage perça la nuit.

_ « Vois ce que tu m’as fais faire… » le souffle court, le Drakan aux écailles d’une pâleur translucide, agenouillé dans les bois, enserrait un poignard.

Ses doigts griffus assurèrent leur poigne autour du pommeau.

Il mis la lame à la hauteur des yeux de sa victime.

Il tourna la pointe vers ces yeux.

Il tourna la pointe vers ses yeux.

_ « Peut-être ne puis-je te pourfendre, mais je peux me crever les yeux! Et sans ma vision, tu ne verras rien! »

_ « Oh, certes, tu le pourrais fort bien », s’enquit la voix. « Mais imagine que tu n’aies pas la force te perforer le second? Ne deviendrais-tu pas une copie de Serthos? Et advenant que tu réussisses, ne serais-tu pas une version abâtardie de Xair’nissath? »

_ « Hmm… Eh… bon point, » répondit Veleshro, quelque peu désemparé.

_ « Allons, écoute la voix de la raison maintenant : nous emménageons dans une cabane en décrépitude, nous débutons un club de corps-à-corps clandestin dans toutes les villes importante des landes et une fois la mainmise assurée sur l’esprit de ces vaillants combattants, nous les enrôlons dans un groupe paramilitaire terroriste! N’est-ce pas merveilleux, fantastique, une idée provenant directement de mon cru diabolique! »

_ « Hmm… que dirais-tu de sarko? » ajouta Veleshro, visiblement perplexe des divagations de son alter-ego diabolique.

Le Drakan reprit sa route, engageant la conversation avec apparemment lui-même, au plus profond des ténèbres… Puis, il tomba à genoux, ses ailes se déployant, un autre cri vint fracasser la quiétude nocturne.

_ « Pfff… je me demande comment il fait pour reprendre le contrôle… Pourtant, lorsque j’ai détruit tous les efforts diplomatiques qu’il avait mis à contrer cette guerre… Lorsque j’ai déchiré la chair des innocents, il n’a pas pu me maîtriser, même avec l’effort le plus colossal de sa volonté. Et ces derniers temps, sa conscience refait surface, de plus en plus fréquemment, de plus en plus longtemps… Éclairez-moi, maître, car nulle puissance ne saurait égaler la vôtre… » La déclamation avait semblé être fait avec un certain ritualisme, un protocole quelconque, et la réponse se faisait attendre.

Quelques instants plus tard, tel un message texte qui prend un certain temps à arriver, la réponse fut réceptionnée.

_ « QUOI?!... Kronos! sSsss! »

Quelques temps après qu’un étrange énergumène ait troublé la tranquillité de la nuit, une rumeur courrait : on prétendait avoir aperçu Veleshro à Tyrimar, ce qui ne s’était pas produit depuis sa démission il y a plus d’un an…

*
En l’Opale, alors que Kronos avait rappelé à lui tous ses fidèles, l’absence de l’un d’eux se faisait sentir. Il n’en manquait plus qu’un pour qu’une étape soit franchie, qu’une page soit tournée, qu’une ère s’achève et qu’une nouvelle débute. Veleshro, le soi-disant plus grand diplomate de Teilia, manquait à l’appel.

Il errait toujours sur les landes, déchiré par un combat intérieur à l’ampleur titanesque, rompu par le désir de semer le chaos et celui de faire régner l’équilibre. L’appel de Kronos avait libéré des entraves de Dissipastar la conscience de Veleshro et désormais, l’alter-égo maléfique n’était plus totalement en contrôle. Et tel un fou, animé d’épisodes de démence et de lucidité, Vyssantar, l’alter-égo, alternait avec Veleshro, et ainsi de suite, les personnalités se succédant les unes après les autres, se livrant une guerre sans merci. On aurait cru le sage Drakan frappé d’un trouble dissociatif de la personnalité, et c’était le cas.

Ainsi, après un épisode de démence, Veleshro se réveillait dans une mare de sang, entouré de cadavres d’animaux, de créatures maléfiques ou, plus souvent encore, dans une ville où certains actes visant à miner l’unité et le pouvoir des braves gens avaient été perpétré.

Ainsi, après un épisode de lucidité, Vyssantar reprenait conscience dans une bibliothèque, ou dans un lieu de culte, un peu partout sur les landes, comme si Veleshro menait d’actives recherches.

La situation perdura quelques temps.

Jusqu’à ce que Veleshro finisse par retrouver une copie d’un texte qu’il avait trouvé jadis dans la demeure de Kronos, lorsque, durant les temps troubles, une brèche s’était ouverte et qu’en son enceinte étaient révélés de très nombreux secrets. Il retrouva, entassé dans la marge de quelques pages, le texte suivant, écrit en pattes de mouche, qu’on avait vraisemblablement rajouté à la hâte dans un cahier déjà trop plein. Mais cette information était trop importante pour ne pas la noter.

Il est à noter, ici, que tous les extraits des calepins veleshresques sont écrit à la façon d’un narrateur absent et omniscient, ce qui, s’il pourrait paraître ridicule à quiconque, est motivé par la discipline rigoureuse de neutralité que s’impose le Drakan. Il ne voudrait effectivement pas que ses écrits soient considérés comme son interprétation et non pas la stricte reconstitution des faits.

« L’air était brumeux, suffoquant. L’atmosphère semblait avoir décuplé, son poids était devenu insupportable. Sur tous les Drakans pesait les prémices de la guerre, début d’un conflit qu’ils n’avaient su éviter. Une fois encore, ils avaient failli – pas totalement, car l’Équilibre était toujours, mais la situation le mettait en péril.

Veleshro se rendit dans l’antre de Kronos, le domaine de l’Illustre. Il y errait souvent, bien plus par devoir que par désir, car il savait qu’une telle bibliothèque ne devait reposer entre les mains des être périssables, jamais elle n’aurait dû le faire. Il s’assurait que tout était à sa place, que rien ne manquait, que les rares âmes à y mettre le pied soient on ne peut plus respectueuses des coutumes et de la sainteté de l’endroit.

En se promenant entre deux rayons d’une immense bibliothèque branlante et instable – une de ces bibliothèques si élevées et croches qu’elles tiennent par magie statique, par essence divine -, il accrocha, à l’aide de son aile, un rayon complet, qui s’écroula dans un fracas amorti. Veleshro, psalmodiant presque religieusement quelques jurons, se pencha et ramassa les livres. Il les replaça tous, et lorsqu’il attrapa le dernier de ces livres, le plus banal d’entre eux, il s’arrêta net. Il fixait le titre, la couverture… Ce nom lui était familier. Étrangement familier. Ha’Karkyss. Qu’étais-ce donc…?

Il l’entrouvrit, et ne peut s’empêcher d’y porter une lecture de plus en plus attentive. Le livre, rédigé par Le Savoir, tel qu’il se le devait, prenait ici une tournure mythique en ce sens où ce qui s’y trouvait, bien qu’affirmé, ne semble pas convaincu : comme s’il fut écrit sur un sujet dont l’existence réelle était encore à prouver, à découvrir. Étrange, venant du Savoir, mais le seul occupant normal de cette bibliothèque devait certainement connaître la vérité et il lui était dès lors peu utile de l’avoir sous les yeux.



Ha’Karkyss

Aux balbutiements divins de l’intelligence,
Alors que le premier ailé fut à peine né,
L’Ancestral instrument des Vaillants fut forgé,
Permettant aux Véritables d’assurer régence

Chauffée à même la kardienne profondeur,
Dans le chœur ardent du monde, lame précieuse,
Plongée dans l’écume sanglante des Vengeurs,
Mille et un donnèrent à la substance visqueuse

Lame destinée au meneur de rébellion,
Dont la juste engeance fut guerre d’Équilibre,
Qui sacrifia son âme par préservation

Au Jugement qui porte guidance en toute heure,
Créée à même les Vertes émeraudes, Libre,
S’éveillera pour trouver à nouveau Porteur


L’œuvre, qui avait aussi une forme de récit et ne contenait pas seulement le poème, faisait état d’une lame millénaire, forgée en des temps immémoriaux où les Drakans durent prendre part à une guerre nécessaire, à un affrontement inévitable. Le récit, en lui-même, parlait de l’époque comme étant probablement celle où les Drakans prirent le dessus sur les Ophidiennes afin de gérer l’Équilibre. Cette lame, dont le poème épique fait mention, était certainement celle du Général drakan ayant guidé ses troupes sur le champ de bataille et ayant défait les Ophidiennes, mais ayant péri au cours de la bataille et dont la lame aurait été ensevelie avec lui.

Veleshro analysa plus profondément la structure, il en conclut que la lame avait été plongée dans un bain commun regroupant le sang de tous les Drakans allant combattre cette journée là, une habitude commune depuis le pacte de la caverne des origines que celle de bénir par le sang, et qu’elle fut forgée, ou crée, par il ne savait quelle métallurgie, à même les émeraudes. Le nom le révélait bien. Veleshro, qui avait des connaissances de base en ancien drakan, vit bien que le nom signifiait : « toute d’émeraude constituée », d’une façon certes plus imagée. L’étymologie lui apprenait que le nom était composé de l’ancien drakan pour dire « jamais », soit « haker », et que ce mot était contracté avec « Kar » qui signifiait, tel que son nom de cohorte l’indiquait, « sans » et à « kyss », qui signifiait « émeraudes », tel qu’on pouvait l’observer avec la première cité drakanne, « Kyslosk », soit l’Émeraude d’Aeltisis (la référence divine drakanne s’inscrivant dans le rajout de « osk » à la fin des mots, l’équivalent du « Saint » chez les Hastanes). On en concluait donc que la traduction approximative signifiait « jamais sans émeraude », double négation qui amplifie ici l’importance de l’émeraude. »

Ce nom lui était apparu en rêve auparavant, lorsqu’il subit son ailiade.
http://www.uoteilia.com/forum/viewtopic.php?t=10158&highlight=ha%92karkyss.

Il s’agissait donc là de la première lame personnalisée, du commencement de l’honneur par les armes et du premier geste de sacrifice d’un Drakan. Veleshro s’y intéressa grandement et il passa des heures à analyser le livre, sous tous ses aspects. Il savait ce que signifierait cette lame pour ses confrères, mais davantage encore, lui apprenait le reste de l’œuvre qui était toujours rédigée en poème épique homérique. Bien que non clairement spécifié, le texte, après maintes analyses, laissait sous-entendre une caractéristique théurgique à la lame – ce qui n’eût pas pour effet d’étonner le pâle Drakan, qui avait vu telle puissance en action – et ce faisant, il s’intéressa davantage à cette partie. L’on apprenait, implicitement, que la lame aurait des caractéristiques bien personnelles. Cette partie du livre était axée sur le vers « Qui sacrifia son âme par préservation », qui, de prime abord, semblait bien inoffensive. Mais le sacrifie d’une âme était quelque chose de bien supérieur au sacrifice d’une vie ou de quoique ce soit d’autre. Sacrifier son âme revenait à ne pas rejoindre le domaine d’Aeltisis. Soucieux, le Drakan s’interrogea grandement. Le livre laissait sous-entendre que la lame y était pour quelque chose, mais c’était bien peu clair.

Néanmoins, l’idée que la première lame drakanne, sanctifiée par le sang de mille et un de ses frères, gorgée de pouvoirs théurgiques, ayant supposément été pour quelque chose dans le sacrifice de l’âme du premier des grands drakans, puisse lui venir en aide avec ses problèmes d’alter-égo germa doucement en son âme bienveillante et, rapidement, cette quête devint la seule obsession du Lucide qui, voilant toujours méticuleusement ses plans au Dément, avançait à pas de tortue. En fait, pour prolonger la litote allégorique, il avançait plutôt à rampée d’escargot, traînée gluante en moins. Il trouva enfin une piste! Un seul problème subsistait : sa piste le menait dans l’ancienne Kyslosk, aujourd’hui sous le joug ophidienne. Y pénétrer incognito serait chose difficile, et y entrer diplomatiquement davantage, depuis qu’il n’était plus maire de Tyrimar. Mais, peut-être, se dit-il, la disparition désormais fortement ressentie de tous les Drakans allait pouvoir jouer en sa faveur. Après tout, un seul Drakan subsistant ne pourrait absolument pas constituer une menace, surtout pas face aux puissantes Ophidiennes qui ont précédemment anéanties l’entièreté des Légions drakannes. Mais, très rapidement, Veleshro se ravisa. Akashmentesk, s’il advenait qu’il soit mis au courant de l’existence d’un tel artefact, pourrait se servir de Veleshro et une fois l’objet découvert, s’en débarrasser avec aisance. La lame, tel que le lui indiquait sa piste, était intouchable. Il devrait se remettre à sa dernière alternative.
Il avait donc besoin d’aller à l’Opale. Depuis l’appel de Kronos, que Veleshro s’était efforcé d’ignorer par peur de décevoir grandement son Cilias, il n’avait mis les pattes en l’Opale éternelle. Des rumeurs de la réapparition des Drakans se faisaient néanmoins déjà entendre. Veleshro présumait que, Kronos, dans son immense sagesse et dans son vœu de non-ingérence, n’avait osé forcer Veleshro à retourner à l’Opale et que, ne pouvant l’attendre davantage, il commença déjà à envoyer ses élus. Résigné, abattu, l’ex-maire entreprit le chemin de l’Opale où il s’était préparé à subir le sort qui lui serait accordé, quel qu’il soit. Il ne pouvait continuer à laisser Vyssantar libre de détruire l’harmonie qui naissait à peine. Voilà déjà des mois entiers que Veleshro avait été réveillé et, partageant sa conscience avec son alter-égo maudit, il arpentait les landes.

Celui qu’on avait autrefois sacré Empereur, enfin, bien que ce fut Vyssantar qui le fut véritablement, revint vers les siens. Et lorsqu’il franchit le portail dissimulé, lorsqu’il mit les pieds en l’Opale, un sentiment de sécurité l’envahit. Un sentiment d’angoisse, aussi. Mais sitôt ces deux sentiments perçus, il fut tué. Ses membres de déchirèrent, ses écailles s’arrachèrent, sa peau céda, ses yeux explosèrent, ses cornes devinrent poussière. Il se disséqua, se déchiqueta, se dématérialisa, s’évapora et enfin, chacune des atomes qui composaient Veleshro furent divisées. Pour les dix ans à venir, il n’était pas amené à exister à nouveau…


[HRP: tout ceci est inconnu de quiconque, sauf ceux à qui des bribes furent révélées. Merci.]
Empereur Veleshro
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